jeudi 29 septembre 2016

106. Un défaut à éviter : l'extension complète de la jambe


Dans le livre "Light Feet Running - Courir léger", j'explique l'importance pour le coureur de chercher à se propulser le plus possible en tirant avantage de l'extension de sa hanche. L'extension de la hanche consiste à faire passer son genou derrière son bassin: c'est le mouvement contraire à la flexion de la hanche:


Au vu de certaines remarques de lecteurs, il semble que certains, lorsqu'ils désirent allonger leur foulée, interprètent ce conseil comme étendre la jambe derrière soi et pousser le plus possible avec la jambe tendue. Ces coureurs se plaignent d'ailleurs qu'en faisant ce geste, ils ressentent une gêne au niveau des muscles adducteurs :


Or, si l'on observe le mouvement quasi-idéal de la jambe d'un coureur d'endurance, on doit s'apercevoir que la jambe n'est jamais en extension complète et surtout pas alors que le pied touche encore le sol. Ainsi, comme sur l'illustration ci-dessous, on voit qu'au décollage du coureur (take-off), le pied décolle du sol avant que la jambe n'ait eu le temps de se tendre; le genou est encore plié (voir flèche rouge).

(source : Salmin)


Il faut comprendre que le transfert de forces se fait dès le premier contact du pied avec le sol : le coureur n'a pas d'intérêt à prolonger ce contact jusqu'à avoir sa jambe tendue pour forcer la poussée. Il a tout intérêt, au contraire, à ramener son pied vite devant lui : il existe ainsi une limite au delà de laquelle forcer la poussée est contre-productif et met en plus énormément de tensions sur les adducteurs (c'est d'ailleurs également vrai en sprint).

Ce transfert de force se fait avant tout grâce à la puissance instantanée développée par le coureur. La puissance (P) est la résultante de la force (F) multipliée par la vitesse (V). Ainsi:

P =  F * V

Si le coureur envoie sa jambe vers l'arrière avec force, le transfert de force se fait immédiatement au moment où le pied entre en contact avec le sol alors que la jambe est encore fléchie. 

Pour vous faire comprendre cela, j'utiliserai l'analogie de la claque : imaginez-vous donner une claque à quelqu'un ; pour lui donner une claque très forte, vous allez instinctivement lui envoyer votre main très vite et très fort dans la figure ; pour autant, vous sentez bien qu'il n'y a pas d'intérêt à garder la main appuyée longtemps sur la joue de la personne. 


C'est grossièrement la même chose en course à pied. Votre pied se projette violemment contre le sol, le contact est très rapide et ensuite votre pied décolle du sol alors que votre jambe n'est pas tendue.
 
Happy LFR !




jeudi 22 septembre 2016

105. Pieds, sabots : même combat ?

Au hasard de l'un des ateliers LFR, j'ai échangé avec plusieurs spécialistes d'équitation, dont en particulier, la rédactrice en chef de la revue "Cavalière" (que je vous conseille au passage pour ceux qui s'intéressent au cheval).



Ils m'ont appris que, tout comme en course à pied, il existait des débats assez vifs dans le monde de l'équitation au sujet de l'intérêt ou non de ferrer les chevaux.

Ainsi, une école aux USA (mais pas seulement) recommande vivement de ne pas poser des fers aux chevaux sauf exceptions. Il ressort de ces débats des arguments assez similaires au débat en course à pied sur l'intérêt de mettre de l'amorti dans les chaussures (voire de courir carrément pieds nus).

Tout comme la course pieds nus d'ailleurs, ne pas mettre de fers à un cheval nécessite un hygiène de vie particulier du cheval afin qu'il puisse naturellement entretenir la corne de ses sabots, exactement comme le coureur pieds nus qui doit courir un temps minimum par semaine pour entretenir les capitons sous ses pieds qui se développent naturellement.

De cet échange, j'ai également appris que le cheval au contraire de l'homme doit toujours poser son talon en premier : il faut que l'impact et la charge soient localisées sur l'arrière du pied, sinon les différentes structures du pied du cheval ne peuvent être correctement alimentées en nutriments, entraînant des phénomènes de dégénérescence. Le pied du cheval possède d'ailleurs un coussinet plantaire placé sous le talon (au contraire de l'homme) (voir illustration)



Pour le cheval "pied nu", il existe même des hipposandales pour lui permettre une transition progressive après avoir abandonné ses fers. Tout comme pour le passage vers des chaussures plus minimalistes, il est important de respecter la règle de la progressivité.

 Hipposandales

Une fois avoir pris connaissance de ce débat, on se dit que la "plus belle conquête de l'homme" est encore plus proche de nous qu'on pouvait le penser !