mercredi 4 janvier 2012

26. Analyse d'une foulée : Chrissie Wellington sur haute fréquence


Chrissie Wellington domine de la tête et des épaules le monde féminin de l'Ironman depuis sa première participation à Kona qu'elle gagna en 2007. Elle enchaîna avec trois autres victoires (2008, 2009 et 2011) et une non-participation en 2010. Elle possède le record du monde de vitesse sur Ironman et aussi le temps féminin marathon le plus rapide sur Ironman (2h44 à Roth 2011) qui la place parmi les meilleurs temps toutes catégories confondues (hommes / femmes) sur ce type d'épreuve.

Chrissie a un gabarit de 1m70 pour 60kgs (voire peut être moins quand elle est très affutée).

La voici en action justement à Roth, au 34ème kilomètre:



Elle a une foulée qui à première vue n'a rien de transcendant ou de particulièrement stylistique. On est très loin des canons d'esthétisme des pistes d’athlétisme et pourtant c'est la meilleure dans ce genre d'exercices. Pourquoi ?

Dans une interview, Chrissie déclare que quand elle se met à courir après le vélo sur un triathlon, elle se concentre sur quatre choses: "I try to maintain a shorter stride length, keep my shoulders down, lift my hips and look forwards."

- garde une foulée courte,
- garder mes épaules basses (relâchement du haut du corps),
- lever la hanche (ce point me semble intéressant à retenir comme je vais l'expliquer),
- regarder droit devant.

Quand on l'observe, on voit qu'elle applique cela à la lettre. Ainsi on peut remarquer:

- sa foulée est indéniablement courte et rasante surtout devant (pas de levée des genoux) plutôt que derrière (car tout de même son talon arrive environ à l'horizontale du genou) ; évidemment, pour courir le marathon en 2h44, elle a une cadence élevée de foulée: sur la vidéo, elle court à 188 foulées par minute (elle est tout de même au 34ème kms du marathon, soit après plus de 7h45 d'effort physique ! une vraie machine !);


- elle garde une ligne de hanches très horizontale: beaucoup de coureurs ont tendance à pencher le bassin latéralement à chaque foulée, le bassin ayant tendance à s'affaisser à l'impact. L'écrasement du bassin réduit le rendement à la foulée car il amortit l'énergie élastique au rebond et accentue les mouvements verticaux du coureur. C'est sans doute pour cela qu'elle se concentre sur lever les hanches, "petit truc" qui lui permet de garder une foulée très efficace et économique:


A comparer avec le coureur suivant :



3) Elle a un impact au sol plutôt milieu du pied (bien que sur la vidéo, ce ne soit pas tellement visible du fait de l'angle de vue).

4) Elle se tient très droite et a une mobilité importante de la ligne des épaules ; c'est particulièrement visible sur la vidéo ci-dessous au ralenti.



Pour le relâchement, on remarquera son sourire sur les dernières images de la vidéo. Comme quoi, on peut garder la "banane" même à ce niveau de performance !

Bonne année à toutes et à tous !!

NB: concernant son temps record sur marathon à Roth, il y a débat sur la distance exacte du marathon. Mais même si la distance n'est pas précisément de 42km195, cela n'enlève pas grand chose à la supériorité de sa performance.


2 commentaires:

  1. Superbe.
    Je vais essayer de garder ces quatre points en tête mais... y'a du boulot !
    Merci pour ces analyses, c'est exactement ce que je cherchais.

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  2. Sa foulée n'est elle pas plutôt de 170 bpm ?

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