mercredi 9 mai 2012

30. Corrélation entre l'attaque par le talon et la poussée du pied




Sur cette vidéo, on peut visualiser l'attaque du pied de coureurs durant un semi-marathon. Les images sont prises au 3ème kms et montrent des coureurs visant environ 1h30 au semi-marathon.

La première observation qui vient à l'esprit est que la quasi-totalité de ces coureurs attaquent le sol par le talon quelque soit le type de chaussures qu'ils utilisent (on peut constater la diversité des modèles de chaussures utilisés).

Mais quand on regarde de plus près, on constate un point intéressant:
- uniquement en regardant la position du pied en fin de poussée, on peut en déduire si le coureur va attaquer le sol par le talon ou non.

En effet, si l'on observe les coureurs qui n'attaquent pas par le talon, on peut remarquer comment au moment de la poussée maximale de la jambe (c'est à dire quand la jambe est presque tendue), leurs orteils sont encore en contact le sol avec la plante du pied extrêmement pliée. C'est visible sur les clichés suivants où j'ai surligné en rouge les segments concernés : la jambe, le pied et les orteils. Si l'on observe tous les autres coureurs qui eux ont une attaque du talon, au moment où la jambe est proche de l'extension maximale, le contact au sol est déjà fini.



C'est une position également visible chez le Dr Cucuzella par exemple (je prends cet exemple car, sur sa vidéo, il est pieds nus). On retrouve cette position de pied au moment de la poussée chez Krupicka et autres coureurs qui n'attaquent pas du talon. Je l'avais d'ailleurs souligné concernant Frank Shorter.


Conclusion: selon ces images, il y a une corrélation directe entre la position du pied au moment de la poussée et l'attaque du pied au sol en retour. Le coureur, qui n'attaque pas du talon, aura un contact au sol proportionnellement plus long ne s'achevant que quasiment à la toute fin de la poussée du pied.

Au contraire, les coureurs attaquant du talon ne complètent pas totalement cette phase de poussée et se précipitent en quelque sorte pour aller chercher le sol devant eux avec le talon en premier. 

C'est d'ailleurs logique:
- avec une poussée bien réalisée et complète, l'amplitude de la foulée va venir principalement de l'ouverture de l'angle entre le genou avant et le genou arrière. 
- le coureur - qui réalise cette poussée de manière incomplète - aura un angle d'ouverture plus faible entre ces genoux et devra compenser en allant chercher le sol avec le pied plus loin devant lui. C'est particulièrement évident quand on compare la foulée de Petrova et celle de Radcliffe. (cf. mon post sur le sujet ICI).

Cela confirme que:
- ce n'est pas la chaussure (même minimaliste) qui fait que le coureur aura une attaque qui ne sera pas sur le talon mais avant tout la gestuelle spécifique de sa foulée;
- une chaussure à semelle trop rigide dans l'axe horizontal gênera le coureur pour obtenir ce "cassé" du pied en fin de poussée puisque par définition avec ce type de chaussure la semelle ne pourra pas se plier (ou quasiment pas). Donc si l'on choisit ce type de chaussures, autant choisir un modèle avec un bon amorti du talon car c'est sur cette partie qu'il y a toutes les chances que le coureur attaque le sol.
- en revanche, si l'on choisit de courir avec des chaussures minimalistes, il faudra veiller à bien réaliser cet appui du pied cassé en fin de poussée.

3 commentaires:

  1. Merci pour ces explications, toujours au top comme d'habitude !

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  2. Là, je dois avouer que cet article heurte quelque peu mes convictions de "pose runner". Le "push" ne fait pas parti du lexique de la méthode qui privilégie le "pull". Or, on ne peut pas faire les deux...

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